un article de Kim Hurel

Le calendrier chinois a accueilli l'hiver depuis début novembre, marquant la fin du cycle annuel. Son énergie, la plus yin de toutes les saisons, se caractérise par un mouvement de concentration, de retour vers l’origine. Toute la nature s’endort en surface, la sève descend dans les racines, la lumière diminue, le froid s’installe, réduisant au minimum les manifestations de vie extérieures. Après avoir été le couple le plus uni en été, le ciel et la terre ne se parlent plus selon la tradition chinoise. La terre laissée à elle-même concentre ses énergies en profondeur, nous invitant également à prendre ce temps de repos, de retour vers soi. Au-delà des soins curatifs, la médecine traditionnelle chinoise nous incline à adopter une hygiène de vie en harmonie avec la succession des saisons.

Après l’effervescence liée aux activités, projets, déplacements, croissant tout au long du printemps, de l’été et de l’automne, l’hiver nous prescrit une période de calme, de repli et de ressourcement. Restaurer nos forces pour aborder le renouveau. Pourtant la réalité de nos vies dans la société actuelle est loin de s’accorder aux cycles naturels, bien au contraire. La perspective de fin d’année est une nouvelle accélération, épuisante pour l’organisme. Sujets à de multiples maux durant cette période, nous ignorons ces signaux d’alarme qui nous enjoignent à respecter enfin les rythmes vitaux. La force de l’expansion n’est-elle pas précédée par un phénomène de contraction, de même que la vitalité diurne par un repos nocturne ?

Les organes de la saison

En hiver, renforcer l’énergie des reins, organes de l’élément Eau avec la vessie, est indispensable puisque d’elle, dépendent celles de tous les autres organes. Catalyseurs de notre vitalité, dépositaires de l’essence vitale, les reins sont des piliers qui nous soutiennent face aux épreuves et à l’adversité. La saison est une éloge au silence, à l’introversion, la lenteur. Une période idéale pour pratiquer la méditation, s’adonner à la rêverie, se prélasser dans l’inactivité en toute quiétude, cette activité réduite au minimum fait partie intégrante du mouvement dynamique saisonnier. Pour être en équilibre avec la nature et la nôtre, il est donc préférable de s’abandonner à la douceur et au calme. Une dysharmonie issue d’un hiver mal vécu, pouvant se prolonger et s’accentuer au printemps.

Hygiène de vie en hiver : la chaleur

L’énergie des reins et de la vessie s’affaiblit rapidement sous l’effet du froid, il est donc crucial de préserver la chaleur interne en protégeant nos pieds, nos reins et le sommet du crâne.

Écouter notre corps, se glisser dans une sieste réparatrice ou céder aux appels de Morphée avant 23h, se masser avec des huiles tièdes, préférer les boissons chaudes.

Les infusions à base de gingembre sont recommandées pour chasser les refroidissements et l’humidité des poumons.

Évacuer la fatigue et la petite déprime liée au manque de lumière en savourant un bain accompagné de musique. Symboliquement présente, l’eau est, pour ses vertus régénérantes, propice à activer le plan subtil de l’être, la rêverie.

Diététique hivernale - Couleur et saveur de l’hiver

Pour soutenir les reins, les aliments de couleur sombre - le noir étant associé à l’élément Eau - sont à consommer aussi souvent que possible : algues, sésame noir, haricots noirs, pommes de terre violettes, betterave, riz noir ou rouge, les soba pâtes au sarrasin…

La saveur salée fait descendre l’énergie et pénétrer les profondeurs à la manière du mouvement de l’Eau. L’intention n’est pas de saler davantage mais de favoriser sans excès, les mets naturellement salés pour tonifier nos reins : châtaigne, poissons, fruits de mer, canard, noix de cajou, haricots azukis et les eaux minérales gazeuses.

Privilégier les aliments de nature tiède ou chaude qui sont bien souvent de saison citrouille, fenouil, oignon, poireau, noix, orge, millet, légumineuses. Pour les protéines animales opter pour le bœuf, le mouton, le poulet ou les crevettes. Le tout, relevé d’épices comme le gingembre, le piment, la cannelle ou le poivre.

Oublier les aliments de nature « froide » jusqu’à l’été : pastèque, melon, concombre, courgettes, radis, ananas, pamplemousse, blé, huîtres, et les glaces.

Pratique

Durant la saison, toutes les postures qui stimulent les méridiens des reins et de la vessie et donc étirent l’intérieur, l’arrière des jambes et celui du dos, de même que la méditation et du yin yoga favorisant le retour vers soi et le calme intérieur sont des suggestions à prédilectionner.

Postures suggérées : Paschimottanasana, Uttanasana, Padahastasana, Padangustasana, Janu sirsasana, Badakonasana les pieds proches du pubis, Skandasana